De plus en plus de personnes viennent me voir avec l’envie de rompre avec une forme d’hyperexigence et de contrôle vis-à-vis d’eux-mêmes. Ils en sont conscients mais c’est plus fort qu’eux. Certains décrivent cela comme une cohabitation avec un « saboteur intérieur« , une voix critique hyper-perfectionniste qui altère l’image d’eux-mêmes et alimente des ruminations faites de culpabilité, frustrations, douleurs des échecs passés. Ils semblent fuir dans une sorte d’hyperactivité par peur du vide, angoissés d’être simplement seuls face à eux-mêmes. Pourquoi autant d’énergie gaspillée dans un combat contre soi-même avec une telle obsession de maîtrise ? Comment retrouver plus de douceur et de légèreté ?
La capacité à être bien avec soi-même est le baromètre de notre santé mentale. La première cause pouvant expliquer cette épidémie d’auto-sabotage est à rechercher dans les valeurs d’une société occidentale où la réussite et la performance sont ultra-valorisées. Dès l’école on évalue en mettant l’accent sur les erreurs, les enfants apprennent vite à se comparer et à se juger. Et les réseaux sociaux n’arrangent rien ! En milieu professionnel, les compétences ne suffisent plus, la tendance est au « Personal Branding » pour travailler son image comme un produit…
En travaillant sur nos histoires de vie, comme proposé dans les ateliers que je co-anime en tant que psychosociologue, on « réactualise » le regard qu’on porte sur soi et son histoire pour mieux l’accepter et s’en affranchir, (aux antipodes d’un storytelling formaté pour donner l’image d’une meilleure version de soi-même). Ce travail facilite l‘acceptation de soi et de son parcours sans se juger, et comme le dit le proverbe, « savoir d’où l’on vient pour savoir où on va ».
En complément l’hypnose peut nous aider à nous libérer de l’auto-sabotage. Le propre d’un état d’hypnose est justement de lâcher prise pour être dans le non jugement, ce qui est habituellement si difficile pour quelqu’un qui s’auto-dénigre ! En hypnose on « change d’altitude » pour reprendre l’expression du psychiatre Bertrand Piccard. On est enfin libre de voir et de ressentir les choses autrement ! On peut aller oser explorer ce qui est vécu comme figé (échec, frustration, blocage) et en donner une relecture. On peut retraverser des événements traumatiques et repasser par des émotions comme la peur, la tristesse et la colère en en modifiant leur intensité. On peut aussi ressentir combien c’est libérateur d’accepter qu’on a juste fait de son mieux, que ce qui était vécu comme échec n’est finalement plus si grave, que les choses peuvent maintenant évoluer.
S’imaginer sous hypnose se sentant mieux, dans une nouvelle perception où le problème n’a plus sa place, change notre façon de nous juger et de ressentir. C’est ce que François Roustang décrit dans son livre « la fin de la plainte« . Ce qui est imaginé sous hypnose favorise de nouvelles connexions neuronales dans un nouveau rapport à soi, aux autres et au monde.